« Obligé » de venir ce matin, pour participer à cette « expérience ». Mais envie d’en savoir d’avantage.
Accueil par un veilleur déjà expérimenté.
Et puis seul, dans cette boîte…
Le regard se pose d’abord sur le marché.
Réveil progressif, les commerçants qui s’installent, les premiers clients. Le soleil n’est pas encore levé.
La tête se relève et regarde ensuite la ville, encore froide et endormie. Quelques fumées s’échappent des cheminées … le feu, symbole de l’activité humaine.
Plus haut encore, le ciel, et une « autoroute » de fumées de réacteurs.
Déjà trois niveaux apparaissent : l’individu et ses relations sociales, la ville, espace collectif de vie et le monde extérieur.
Retour sur le marché. Une poignée de mains furtive entre deux hommes, un agent de la ville en tenue, un journaliste en quête d’un bon papier …
Soudain la lumière du soleil. Tout se réveille, tout s’échauffe …
Progressivement apparait un quatrième niveau, intermédiaire : celui du territoire autour de la ville, les coteaux, la vallée.
Et moi, au milieu de tout cela, entre ciel et terre, comme hors du sol.
Un veilleur … Non, un spectateur attentif plutôt, et interrogatif.
Importance de la vie, en-bas, beaucoup de silhouettes connues, devoir être attentif à leurs attentes.
La ville entre le centre-ville, les grandes maisons, la présence du beffroi et de la mairie ; plus loin les immeubles de Nétreville.
Faire en sorte que chacune et chacun se sente bien dans cet espace collectif, le plus important peut-être, celui de la commune.
Pour cela, il faut un moyen commun. Ne pas plaquer des communautés les unes à côté des autres, mais permettre à chaque individu de se sentir membre d’un même corps, et au-delà, l’aider à avoir sa propre identité.
Cela semble si compliqué aujourd’hui. Le monde de la culture a oublié ce que disait Malraux : avant tout transmettre cette culture millénaire et au-delà.
L’éducation aussi, qui prétend donner des outils de travail personnel, mais ne donne plus la matière, le fond, pour travailler.
Des motifs d’inquiétude donc …
Mais aussi, et toujours, de l’espoir. Le calme, la sérénité ce matin dans cet espace, si clos et si ouvert.
Relier en permanence ces espace-temps qui se rejettent parfois, mais se complètent toujours : la vie quotidienne, le collectif de proximité, le territoire et le monde.
Et même, pourquoi pas le ciel ?
Petit à petit, sans m’en rendre compte, je suis passé d’une vision horizontale de la ville à une vision et une réflexion verticale …
Réflexion aussi sur la spiritualité alors si absente et terriblement présente dans notre société actuelle …
Il y a quelques jours quelqu’un m’a demandé : pourquoi les veilleurs ?
J’ai répondu – trop rapidement – « parce que cela ne sert à rien » …
Ce matin, je répondrai plutôt : « parce que cela fait du bien » …
Veille du 10 février 2018, 8h13.