J’ai toujours aimé regarder ma ville s’illuminer. Du panorama de Saint-Michel. Ici c’est un angle tout à fait différent. D’abord, j’ai voulu tout voir. Je passais d’Est en Ouest, d’Ouest en Est, j’étais attentive à tout, particulièrement à la lumière. La lumière qui tombe sur le beffroi, qui sublime la cathédrale, qui se reflète sur les dorures… Puis peu à peu, la lumière a laissé place aux formes, aux couleurs ; des bâtiments, des passants. Tout cela avec les échos de la ville : les voitures, les motos, les klaxons, les gens qui mangent et boivent en terrasse, les gens qui rient. Puis, les bruits des oiseaux, comme une musique m’accompagnant dans ma veille rêveuse, ou ma rêverie éveillée.
Mais aussi, j’ai voulu me connecter physiquement, de manière organique, au lieu d’où je veillais. Alors j’ai ôté mes chaussures, puis, pieds nus, j’ai continué d’Ouest en Est, d’Est en Ouest, sentant sous ma peau ce bois clair que j’entendais craquer sous mes pas, parfois lorsque je posais mes mains ou mon front sur les vitres fraîches. Mes allées et venues se sont faites moins fréquentes la lumière déclinant. Le ciel qui passe de bleu à orangé, puis à rose. Le soleil qui donne l’impression de se lever à nouveau lorsque lui-même se couchant, ses rayons s’élèvent et illuminent les nuages.
Les nuages… Un dragon ! Une âme vagabonde, errante, cherchant la lumière… Un ours polaire courant après un bébé phoque…
Et cette phrase, comme un écho durant cette heure, résonnant comme si je l’entendais à cet instant : « tu as du cœur … » comme une justification à mon imagination prolifique de ce soir. Quel moment délicieux, passé trop vite…
Veille du 11 juillet 2018, 20h56.