La veille est très vite passée, trop vite peut-être puisque j’ai eu l’impression qu’Akima venait me chercher alors que je commençais à apprécier mes sensations. J’ai eu beaucoup de mal à trouver la façon dont je voulais appréhender ma veille, la place du marché et les personnes que j’observais. J’ai d’abord cherché à deviner ce que ces gens disaient, pensaient, leur relation les uns avec les autres (les couples, les amis, deux bénévoles qui venaient discuter et offrir à manger à un homme près du supermarché…). De nombreux groupes m’observaient aussi et j’ai été d’abord gênée de les surplomber ; je les sentais inaccessibles et j’aurais souhaité parler, échanger avec ceux que je voyais ; Puis j’ai comme pris de la hauteur et j’ai trouvé ma place, tout là-haut dans cette boîte. Mes pieds étaient ancrés dans le parquet, fortement, si bien que je me suis sentie comme une géante, mes pieds sur le bitume et mes bras pesant des tonnes. Alors j’ai joué avec le paysage et les objets qui m’entouraient. J’ai fait rouler les petites voitures, j’ai pris les hommes entre deux de mes doigts, je les ai soulevés. J’ai déplacé le Beffroi et l’ai posé sur une colline ; j’ai arraché un toit et balayé un pan de mur d’un revers de main ; et puis j’ai posé la Cathédrale sur la place du marché.
J’ai pensé que les hommes étaient petits et que leurs déplacements étaient organisés comme une pièce de théâtre (le ballet des voitures, celui des serveurs…).
C’était une très belle expérience, merci Akima, merci aux Veilleurs !
Veille du 8 juin 2018, 20h55.